Killer 7, le test

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Killer 7

Dernière modification :  Vendredi 20 Janvier 2017

Killer7, un nom pas franchement original pour un jeu pourtant vraiment pas comme les autres. Parler de jeu n'est peut-être pas le mot juste. Killer7, c'est ce qu'on pourrait appeler un OVNI (rien à voir avec les petits hommes verts), un Objet Vidéo ludique Non Identifié, à mi chemin entre le jeu et le film, peut-être même plus proche du film que du jeu. Sorti il y a maintenant plus d'un mois en Europe, la plupart d'entre vous s'est sûrement déjà forgé son opinion sur ce jeu. Ce test sera donc plus une sorte de mini dissertation sur le « comment ne pas rejeter en bloc un nouveau concept aussi…étrange » et peut-être une thérapie pour ceux qui ont déjà classé Killer7 dans la catégorie des grosses daubes.

Il est....différent

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Killer7 est une exception sur bien des points. Tout d'abord, un univers très noir, glauque, malsain, parfois complètement déjanté, non sans rappeler le récent Sin City au cinéma. Ensuite une profusion d'hémoglobine et un esprit japonnais qui rappelle fortement Kill Bill. Il y a donc dès les premiers instants une certaine sensation de malaise. Cette ambiance est soutenue à merveille par la touche graphique, que dis-je, artistique du titre. Du cell-shading collant à l'esprit comics assez épuré, très pauvre en couleurs, mais avec des effets d'éclairages très convaincants. Une touche qui rend le titre, aux yeux de certains, moche, mais qui colle pourtant parfaitement au contenu du jeu. La plupart des effets sont d'ailleurs magnifiques, en particulier l'animation en bulle de sang qui se produit à chaque fois qu'on fait un changement de personnalité, appuyé par des bruitages parfaits. Killer7 c'est aussi une mise en scène cinématographique. L'écran de choix des missions, très japanisé, les écrans de chargement, les angles de caméra, tout est peaufiné dans les moindres détails pour accroître l'immersion du joueur. Mais l'élément central du jeu est sans aucun doute le scénario, archi poussé, qui se perd dans des méandres interminables, où chaque élément entrevue dans les cinématiques ou dans le jeu à sa symbolique, sa signification. J'avoue d'ailleurs que malgré quelques heures passées sur différents forums, j'ai encore beaucoup de mal à trouver une explication à certains faits. Le scénario, parlons en un peu, tout du moins plantons le décor. Vous incarnez Garcian Smith, membre centrale d'une organisation d'assassins agissant dans l'ombre, les Killer7. Comme son nom l'indique, cette organisation se compose de 7 membres : Garcian Smith, Dan Smith, Kaede Smith, la seule femme du groupe, Kevin Smith, Coyote Smith, Con Smith et Mask de Smith. 7 membres qui ne forment en réalité qu'un personnage, Harman Smith, qui a la capacité de se matérialiser dans chacune de ces 7 personnalités. Et une personnalité particulière, Garcian, qui est le seul à pouvoir communiquer avec Harman, et qui a la capacité de ressusciter les autres personnalités. Sa mort entraînera la fin de la partie. Chacune à ses propres caractéristiques physiques qui se découpent selon 4 catégories, puissance, rapidité, onde de choc, coup critique, chaque catégorie pouvant être amélioré tout au long du jeu. Les Killer7 se retrouvent donc au milieu d'un conflit opposant les Etats-Unis au Japon dans lequel la destruction de ce dernier est en jeu. Le monde de Killer7 est plus ou moins sous l'égide d'un homme, Kun Lan, aidé par une organisation nommée les Heaven Smiles. Leur but : répandre la folie, la mort sur la planète. ça ne paraît pas très fin comme ça, mais c'est pourtant infiniment complexe où ce qu'on croyait avoir compris est sans cesse à remettre en question avec la découverte progressive de nouveaux éléments, si bien qu'on se retrouve parfois complètement largué à essayer de chercher une explication à ce qu'on vient de voir à l'écran.

Quand est-ce qu'on joue ?

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Cinématique d'intro, ça y est, c'est le moment de jouer ou plutôt de comprendre à quoi on joue. Vous êtes Garcian Smith, vous venez de recevoir votre ordre de mission, exterminer les occupant du bâtiment qui se dresse devant vous. Vous pénétrez dans ce bâtiment, une caméra de surveillance, et vous voila métamorphosé en Dan Smith. Vous pouvez alors vous matérialiser en n'importe quelle des 7 personnalités hors Garcian Smith. Chaque personnalité, en plus d'avoir des armes très différentes, possède aussi des capacités et des coups spéciaux propres à chacun. Le gameplay pourrait être qualifié de rétrograde. Les aficionados de GTA & co qui prônent le 100% de liberté tombent de haut. Ici pas question de fureter à droite à gauche dans les couloirs. Vous êtes sur un rail et les seules alternatives qui se proposent à vous sont : avancer, reculer, mettre votre arme en joug. A chaque croisement, vous choisissez une direction. ça faisait bien quelques années - oui beaucoup d'années - qu'on avait pas vu ça. Le tout saupoudré de beaucoup d'énigmes qui nécessiteront, non pas de la réflexion, mais de l'intuition ou de l'observation, pour savoir quelle personnalité, quel objet, quelle capacité spéciale utiliser dans chaque situation. Un système de jeu qui m'a rappelé, en faisant abstraction du système de rail, la série des Silent Hill, avec une ambiance finalement pas si éloignée. Des énigmes d'ailleurs un peu trop faciles au niveau de difficulté normale puisque quasiment tous les éléments pour les résoudre vous sont donnés par les différents PNJ du jeu. Bien sûr votre balade n'est pas de tout repos et vous aurez fort à faire avec la tribu des Heaven Smile qui ont la mauvaise habitude d'être translucide. Heureusement un radar vous permet de les faire apparaître clairement à vos yeux de mortel et de leur placer une ou deux balles bien placées pour récolter un maximum de sang. Du sang qui vous permettra non seulement de vous refaire une santé en cas de coup dur, mais aussi d'augmenter les capacités de chaque personnage. Les Heaven Smiles sont d'ailleurs pour le moins très diversifiés. A chaque fois qu'on avance dans le jeu, de nouvelles « races » de monstres apparaissent, avec à chaque fois une technique, voir un personnage bien particulier pour les exterminer. Les niveaux sont également parsemés de quelques salles particulières : les chambres d'Harman. Certaines de ces chambres vous permettent de sauvegarder, mais aussi et surtout de récupérer Garcian Smith qui, une fois amené sur le lieu de mort d'une de vos personnalités, vous permet de lui redonner vie. Ce système est parfois un peu pénible, surtout lorsqu'on bute sur un boss particulier, il faut alors à chaque fois récupérer Garcian, ressusciter votre personnalité (ce qui vous ramène dans la chambres où vous avez pris Garcian) et retourner sur le lieu de l'affrontement. Un système de jeu très déroutant au premier abord donc qui ne manquera pas de décevoir, voir de dégoûter une bonne partie des joueurs. ça a d'ailleurs été mon cas, ma première réflexion après une ½ heure de jeu était assez éloquente : « ce jeu est une merde », off. Une période d'adaptation plus tard, tout va bien. Il suffit en fait d'assimiler les principaux rudiments du gameplay, et on accroche très vite, on s'attache aux différentes personnalités, qui ont toute un style très travaillé, on rentre vraiment dans l'ambiance, dans le scénario pour finir par avoir beaucoup de mal à décrocher. Et c'est là qu'on se dit qu'on a bien fait de ne pas s'arrêter à la première impression. Au-delà de cette simplicité de gameplay, Killer7 est aussi rempli de petites trouvailles et de petites particularités qui font tout son charme. On en a parlé, chaque race de monstre demande de trouver une technique particulière, c'est aussi le cas des boss de fin de missions avec parfois des choses très amusantes. Un affrontement de boss tourne par exemple au duel révolver à la main comme dans le far west. Un truc déjà mis au goût du jour par Red Dead Revolver mais en plus subtil ici : un pigeon est posé sur l'épaule de votre adversaire, son envol étant le signal pour dégainer et tirer. Et cet enfoiré de pigeon n'hésite pas à feinter son envole deux, trois parfois 10 fois. Un état de stress intense vraiment excellent. Pour certaines énigmes il faudra même carrément sortir le papier et le crayon pour mémoriser certains trucs. Bref un jeu qui procure une quantité impressionnantes de sensations et d'émotions, du rire au dégoût, du défouloir pur suivi de quelques instants de réflexion, beaucoup d'observation et de dextérité, et même parfois un peu de tristesse devant le spectacle macabre et prévisible qui s'offre à vous (je pense à la dernière mission dans Hôtel Union).

Un mot sur la qualité de la bande son. Les bruitages sont tous parfaitement coulés dans l'ambiance et dans l'atmosphère du jeu, les différentes voix torturées des personnages morts sont superbes, renforçant la sensation de malaise. On sent vraiment que tous les membres de l'équipe de développement allaient exactement dans le même sens, savaient précisément le résultat auquel ils voulaient arriver, si bien qu'aucun détail ne s'écarte de l'esprit Killer7. Quant aux quelques musiques présentes dans le jeu elles sont elles aussi parfaitement dans l'ambiance et le ton du jeu, méticuleusement choisie pour chaque situation. Je pense notamment à la musique du portier.

Très bon
8
Killer7 est donc une expérience à part dans le monde du jeu vidéo. C'est un peu comme une œuvre d'art, certains trouveront ça génial, les autres n'y prêteront même pas attention et regarderont ça avec mépris ou moquerie. Un jeu qui ne ressemble à aucun autre et assurément à ne pas mettre entre toutes les mains. Tout d'abord car il nécessite une certaine ouverture d'esprit pour se défaire des conventions habituelles du jeu vidéo et accepter ces nouvelles règles sans crier au scandale ou à la daube infâme. Ensuite car, et c'est le plus évident, il est terriblement malsain, torturé, sombre, gore, sadique, oppressant, bien plus que ce qu'on pourrait s'imaginer avant d'avoir expérimenté et qui pourrait dégoûter certains. Mais si tout ça ne vous fait pas peur, aucune hésitation possible, on tient là le jeu le plus original depuis bien des années. Merci Capcom d'avoir eu les couilles pour oser prendre ce risque.

Points faibles :

  • gameplay pas très accessible
  • ça rame sur PS2
  • système de ranimation lourd

Points forts :

  • ambiance
  • touche graphique
  • bande son
  • durée de vie
  • scénario tordu

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